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Recommandation
Il n'existe pas d'ensemble cohérent de données convaincantes indiquant que l'ingestion d'amiante est dangereuse. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de fixer une concentration maximale acceptable (CMA) pour l'amiante dans l'eau potable.
Propriétés physico-chimiques, utilisations et sources de contamination
Le terme amiante est un générique désignant les minéraux fibreux à base de silicates faisant partie du groupe des serpentines ou du groupe des amphiboles, qui sont fortement répandus dans l'ensemble de la croûte terrestre. Six minéraux ayant une importance commerciale sont généralement désignés sous le nom d'amiante : le chrysotile, qui est le seul membre du groupement des serpentines et la seule forme d'amiante extraite au Canada, et la crocidolite, l'amosite, la trémolite, l'anthophyllite ainsi que l'actinolite, qui appartiennent au groupe des amphiboles.
À cause de sa nature chimique et de sa structure cristalline, l'amiante possède un certain nombre de propriétés utiles, dont une grande résistance à la traction, à la chaleur et aux produits chimiques, une forte durabilité et une grande flexibilité. Grâce à ces propriétés, une multitude d'applications sont rendues possibles, en particulier comme matériaux de construction tels que les tuyaux et les feuilles d'amiante-ciment (A/C), comme isolants électriques et thermiques et produits résistant à la friction tels que les garnitures de freins. À l'heure actuelle, la production mondiale d'amiante s'élève à environ 4,5 millions de tonnes dont plus de 99 pour cent sont du chrysotile.1 À peu près 1,5 millions de tonnes de chrysotile sont extraites chaque année des mines canadiennes, situées principalement dans la province de Québec.1 Les autres variétés d'amiante le plus utilisées sont l'amosite et la crocidolite.
L'amiante est omniprésent dans l'environnement par suite d'un usage industriel intensif et de la dispersion des fibres naturelles.2 Il est introduit dans l'eau par dissolution des minéraux et des minerais contenant de l'amiante, le déversement d'effluents industriels, la pollution atmosphérique et, dans certains cas, la dégradation des tuyaux en A/C des réseaux d'alimentation en eau. Cette dernière contribution à la teneur des eaux en amiante varie en fonction de l'agressivité de ces dernières, qui dépend elle-même de leur pH, de leur alcalinité et de leur dureté. D'après une étude réalisée à l'échelle nationale à 71 points d'échantillonnage répartis d'un bout à l'autre du Canada, l'érosion des tuyaux en A/C semble avoir contribué de façon mesurable à la teneur des eaux en amiante à deux endroits seulement, bien que ces tuyaux aient été utilisés dans environ 19 pour cent des réseaux d'alimentation en eau.3
Exposition
Le chrysotile fut le principal genre d'amiante identifié lors d'une étude réalisée en 1977 à 71 points d'échantillonnage des réseaux de distribution d'eau potable répartis dans l'ensemble du Canada; les eaux étaient peu contaminées par des amphiboles. D'après l'étude au microscope électronique à transmission (MET), avec identification par spectroscopie des rayons X et diffraction électronique dans un domaine choisi, les concentrations de chrysotile variaient de non décelables (<0,1 million de fibres par litre) à 2 000 millions de fibres par litre. En général, la longueur moyenne des fibres se situait entre 0,5 et 0,8 µm. D'après les résultats de cette étude portant sur l'alimentation en eau d'environ 55 pour cent de la population canadienne, on a évalué que dans 5 pour cent des cas, l'eau renfermait des concentrations de chrysotile supérieures à 10 millions de fibres par litre et que dans 0,6 pour cent, elle renfermait plus de 100 millions de fibres par litre.3
En outre, il existe un risque d'exposition à des particules d'amiante passant de l'eau du robinet à l'air ambiant; toutefois, des essais réalisés au moyen d'un humidificateur à tambour classique ont montré que la quantité de fibres d'amiante libérée dans l'air par une eau renfermant 40 ± 10 millions de fibres par litre était négligeable.4 Les concentrations élevées d'amiante présentes dans les sources d'approvisionnement en eau potable de Woodstock (NY) (jusqu'à 10 milliards de fibres par litre) ont été attribuées à une grave détérioration de tuyaux en A/C; on a signalé des concentrations bien supérieures d'amiante dans l'air de trois maisons «touchées» dont l'alimentation en eau renfermait des concentrations élevées d'amiante (de 17 à 31 millions de fibres par litre) comparativement aux trois maisons témoins où ces concentrations étaient faibles (de 0,15 à 2,6 millions de fibres par litre); ces chiffres sont le résultat d'une numération des fibres totales par MET avec diffraction électronique à microfaisceau.5 Toutes les concentrations de fibres atmosphériques déterminées au cours de cette étude se situaient dans la plage de celles mesurées, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, au cours des autres études. Bien qu'elles eussent été plus pertinentes pour l'évaluation des risques pour la santé, les concentrations de fibres atmosphériques ayant une longueur supérieure à 5 µm n'ont pas été déterminées; les auteurs ont cependant signalé que la différence entre la concentration atmosphérique trouvée dans les maisons «touchées» et les maisons témoins était principalement attribuable à l'augmentation du nombre de fibres courtes (<1 µm) dans les maisons où l'alimentation en eau renfermait des concentrations élevées d'amiante. Ces observations semblent incohérentes dans le cadre de l'hypothèse selon laquelle l'amiante d'origine hydrique présente dans les maisons «touchées» aurait été responsable de l'augmentation importante des concen-trations atmosphériques de ce minéral; en effet, les fibres trouvées dans l'alimentation en eau de ces maisons, attribuables à l'érosion de tuyaux en A/C, étaient plus longues que celles trouvées dans les maisons témoins.
L'étendue de la contamination des aliments solides par l'amiante n'a pas été bien étudiée en raison de l'absence d'une méthode d'analyse simple et fiable. Il est à peu près assuré que les aliments contenant des particules de sol ou de poussières ou des saletés renferment des fibres d'amiante. On a trouvé des concentrations de 0,151 ' 106 fibres par litre dans certaines bières anglaises.6 Des concentrations variant de 4,3 à 6,6 ' 106 fibres par litre ont été signalées dans les bières canadiennes; dans les boissons gazeuses, les concentrations trouvées allaient de 1,7 à 12,2 ' 106 fibres par litre.7
On ne possède que des données limitées concernant les concentrations atmosphériques d'amiante présentes dans les communautés canadiennes. Autrefois, les résultats des mesures effectuées étaient présentés sous forme de concentrations gravimétriques; ce sont là des unités moins appropriées que les concentrations de fibres atmosphériques pour l'évaluation des risques pour la santé. D'après des mesures effectuées au Canada par MET analytique avec préparation directe de l'échantillon, les concentrations moyennes de chrysotile variaient de <0,002 à <0,045 fibre par millilitre à 12 emplacements de l'agglomération torontoise. À 12 autres endroits du sud de l'Ontario, les concentrations moyennes allaient de <0,002 à <0,033 fibre par millilitre. Aux 10 emplacements ruraux éloignés ayant fait l'objet de l'étude, les concentrations étaient toutes inférieures à la limite de détection de la méthode analytique utilisée (<0,002 fibre par millilitre)…
L'amiante [Document technique - Paramètres chimiques/physiques]
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